Tout le monde en veux, peut la garde.

Les vieux se plaignent de ne plus en avoir, les jeunes ne l’utilisent que très peu. Nous allons parler de la mémoire bien sûr… Qu’alliez-vous imaginer ?

Plus précisément, nous allons rester dans la notion d’illusion de la réalité, en examinant les déficits de notre système mémoriel.

Lors de la mémorisation d’une information, on « enregistre » un ensemble de données via nos sens. Or, nous avons vu précédemment, que ceux-ci ne sont pas des enregistreurs très fiables, ils sont soumis à leurs limitations de conception.

Une mémoire soumis à la perception.

De la même manière qu’une caméra standard ne peut filmer dans le noir, nos yeux, nos oreilles etc. enregistrent uniquement ce qu’ils sont en mesure d’enregistrer. Pire encore, il s’opère un tri, au sein même des informations que nous pouvons traiter.

N’avez-vous jamais demandé à quelqu’un de répéter ce qu’il venait de dire, parce que vous étiez perdu dans vos pensées ?

Vous étiez en mesure d’écouter, mais vous avez en quelque sorte trié, sélectionné, votre « voie » intérieur aux dépens de celle de votre interlocuteur. Cela arrive sans cesse, quand vous marchez dans la rue, vous ne prêtez pas attention aux arbres sur le trottoir, aux mégots de clopes par terre. Ou au contraire, vous avez l’âme d’un(e) écolo et la vue des arbres vous fascine et des mégots vous répugnent.

Dans tous les cas, encore une fois vous percevez le monde et du même coup vous enregistrez les informations en fonction de ce que vous êtes, de vos buts, vos aspirations, votre culture, histoire personnelle etc.

La mémoire elle-même nous joue des tours, à cause de notre propre conditionnement. Prenons un exemple sous forme de travaux pratiques.

Un petit test.

Munissez-vous d’une feuille de papier puis essayez de retenir cette liste, immédiatement après une première lecture :

• Clémentine

• Carotte

• Banane

• Haricot

• Fraise

• Navet

• Citron

• Pomélo

• Cerise

• Courge
• Raisin
• Radis
• Poireau
• Orange
• Concombre
• Avocat
• Lentilles
• Grenade
• Poivron
• Framboise

J’espère que vous n’avez pas triché. Bon, à présent essayez de vous remémorer cette liste en inscrivant sur papier tous les mots. Enfin vérifiez votre performance.

En théorie vous devriez constater plusieurs choses :

1. La 1^er c’est que vous devriez avoir mieux retenu les mots en début et fin de liste. Cela est dû à ce qu’on appelle le phénomène de récence et de primauté. Ce phénomène a entraîné les scientifiques à imaginer deux types de mémoires. Une immédiate qui retient peu d’informations peu de temps, à la manière de la mémoire vive de votre ordinateur, c’est celle que vous utilisez quand vous composez un numéro de téléphone que vous venez d’entendre ou de lire. L’autre mémoire plus longue à se mettre en place mais à la capacité de stockage théoriquement illimitée. C’est celle qui fait, qu’entre autres, vous connaissiez les noms de tous vos amis.
2. 2^e chose, normalement vous ne devriez pas avoir une page blanche… J’espère pour vous en tout cas. Car vous l’aurez remarqué les mots appartiennent tous à ce qu’on appelle le même champ sémantique ou encore champ lexical. Le sens que ses mots partagent à vos yeux vas faciliter votre capacité à récupérer les informations. C’est comme si tous étaient dans le même panier… C’était facile.
3. 3^e chose, il est fort probable que vous ayez inscrit des mots qui n’étaient pas dans la liste comme pomme ou tomate. Ces mots appartenant au même champ sémantique, vous les avez pioché dans le panier, sans y prêter attention.

Sur ce dernier point, on rentre dans un phénomène complexe, celui des faux souvenirs, notamment induits. La mémoire étant plus une construction qu’un froid enregistrement du réel, nous pouvons être sujets à des inductions venant de nous-mêmes ou de notre environnement qui font que définitivement, nous devrions nous méfier de notre mémoire…

Pensez-y la prochaine fois que vous vous embrouillez avec votre moitié pour savoir quelle version de l’histoire est la bonne.