Le bon sens pour les nuls

Si j’ai choisi d’introduire cet article avec une contre vérité aujourd’hui bien connue, c’est parce qu’il me semble que son caractère de contre vérité n’est pas encore bien établi. Nombres d’entre nous ont tendance à se fier à ce qu’ils voient et à extrapoler cela au point de faire d’une simple observation individuelle, un principe de « bon sens ». Et si Descartes avait sans doute raison quand il prétendait dans le discours de la méthode que  « le bon sens était la chose du monde la mieux partagé », il faudrait alors distinguer le « bon sens » de la « vérité ».

La base de nos raisonnements, un système perceptifs pas très efficace

Notre système perceptif, nos yeux, oreilles etc. ont des propriétés particulières, elles captent des particules, photon pour notre système visuel (lumière), pression de l’air pour notre système auditif (son) et les transforment en impulsions électriques. Mais cet outillage biologique n’est pas omniscient. Aussi l’oreille humaine ne perçois pas tous les sons, mais « uniquement » les fréquences comprises entre 20hz et 20 000hz. De la même façon, notre œil est « imparfait » et possède une zone aveugle, qui ne perçoit rien, mais que la reconstruction de l’image opérée par notre cerveau, fait disparaître, nous donnant l’illusion d’une continuité de l’image. Les phénomènes d’illusions visuelles sont d’ailleurs bien connu et exploité:

Il n’y a aucun triangle dessiné sur cette image

Canard ou lapin?

Jeune femme ou veille dame?

Des spécialisations évolutives trompeuses

Notre cerveau semble aussi avoir développé certaines spécialisations au cours de son évolution. Ainsi, il existe une zone de notre cerveau qui « s’active  préférentiellement » lorsque nous voyons des visages. Cette petite zone située dans le gyrus fusiforme, qui pourrait être impliqué plus largement dans le phénomène d’ultra spécialisation, est probablement à l’origine de cette trompeuse tendance à voir des visages partout :

Au mon dieu! Il y a un visage sur Mars?!

Dieu existe et il a les oreilles décollées.

Plus simplement, étant des animaux sociaux, notre ultra-spécialisation dans le traitement visuel des visages vient probablement d’une nécessité à interpréter facilement et efficacement les mimiques et émotions de nos congénères. Ça peut être utile de comprendre rapidement la peur dans la visage de quelqu’un en face de vous, histoire de fuir le gros méchant tigre à dent de sabre.Voilà pour la 1er partie de « le bon sens c’est pour les nuls ». Nous savons que nos sens se foutent de nous, dans une 2e partie nous verrons aussi à quel point notre mémoire est peu digne de confiance…