Une « nature » difficile à déterminer.
Nombre d’entre nous explique les comportements humains en utilisant l’expression de « nature humaine ». En fait, de la plèbe aux « hautes sphères » , on suppute toujours qu’une prétendue « nature humaine » serait à l’origine de tel ou tel comportement, souvent déviant (pêché originel sort de cette société!!!).
Ce qui est amusant, c’est que cette nature humaine, dont tout le monde se fait l’apôtre, est pourtant très fluctuant d’un individu à un autre, d’un groupe à un autre, etc. Et comment pourrait-il en être autrement, quand on constate que bien des apôtres s’appuie sur des comptines, des récits apocryphes et autres fantasmes du moment pour définir ce qui serait le propre de l’homme.
S’il y a « nature humaine », elle ne peut être décryptée que par une pensée vérifiable et donnant lieu à des applications dans le monde réel, pas a un blabla politico-mystico-économico-apocalyptico-ecaetero servant tel ou tel dessein politique, religieux ou économique.
Les indices issus des comparaisons génétiques.
Il existe des travaux sérieux sur ces questions. Katherine Pollard, biostatisticienne de l’Université de Californie, s’est « amusée », en 2005, à comparer les gènes de l’homme et du chimpanzé à la quête des quelques variations qui nous différenciaient. En effet, le plus proche cousin de notre espèce, partage 99 % de notre ADN, examiner les « régions » de nos ADN qui ont le plus muté depuis notre ancêtre commun serait un bon indice de ce qui ferait le « propre de l’homme ». A l’aide d’un programme informatique de sa propre conception, la dame mis à jour un ensemble de gènes spécifiques à l’homme, notamment :
- la séquence HAR1et ASPM impliqué dans le développement du cerveau,
- la séquence HAR2, liés au poignet, pouce, capacité de préhension et dextérité manuelle,
- la séquence FOXP2, responsable de notre capacité à articuler les mots
Le langage et l’utilisation des outils observables dans les gènes.
Cette recherche en génétique résonne avec une étude plus récente en neurosciences. Cette année, Natalie Thaïs Uomini et ses collègues de l’Université de Liverpool, ont découvert une corrélation entre l’activité langagière et la création d’outils.
Le cerveau de dix experts en créations d’outils de pierre fut scanné durant deux tâches, l’une consistant à créer des outils, l’autre étant un test de compétence langagière standard. On constata que les régions impliquées dans les deux tâches étaient très similaires et que durant les dix premières secondes, une même base cérébrale étaient activée, comme si les deux systèmes partaient de la même structure qui s’est ensuite scindée. Cette découverte semble confirmer une intuition de Darwin : le langage et la création d’outils ont peut être évolué conjointement.
Sans se lancer dans l’élaboration d’un algorithme complexe pour comparer les gènes et sans mettre à contribution des scanners onéreux et des experts rarissimes, on peut faire l’hypothèse que les mains habiles, la parole articulée et la technique sont des éléments constitutifs de la « nature humaine ».
Cependant, sans ses garde-fous que constituent les complexes méthodes scientifiques, nous serions dans des estimations plus ou moins pertinentes pouvant donner lieu à n’importe quel fantasme.
Comme cet absurde « État de nature » qui engendra, entre autres, le mythe du « Bon sauvage »