Nos amis les rats Part I

Le système nerveux, une vieille innovation de mère nature.

Le système nerveux, depuis son apparition dans le vivant, ne semble pas avoir changé fondamentalement durant l’évolution. Nos connaissances sur les cellules nerveuses ont pu être alimentées par des expériences sur des mollusques, comme l’aplysie, des mouches et plus proche de nous les rats et les grands singes. Personnellement, je ne suis pas à l’aise avec l’idée que le vivant, surtout les espèces les plus proches de nous, à même de ressentir les sensations de détresse et de douleur, soient devenues des outils, même si la compréhension de la vie et de l’univers est peut être la seule cause digne de faire des sacrifices.

Pour en venir au point de cet article, les rats en tant que mammifère partage de nombreuses caractéristiques cérébrale et comportementale avec notre espèce. Aussi, les recherches menées sur leurs comportements en différentes situations induites, sont riches d’enseignement sur nos propres comportements. Une de ces études révélatrices est décrite dans le film d’Alain Resnais Mon oncle d’Amérique, où le neurobiologiste Henri Laborit distille ses savoirs sur l’humain. L’expérience que je vais évoquer aujourd’hui est la suivante.

Etude expérimentale.

On place des rats dans trois conditions différentes. Dans la première, un rat est placé dans une cage à deux compartiments. L’un d’eux est électrifié par intermittence, à la suite d’un signal sonore. Le rat apprend rapidement à passer dans l’autre compartiment, sans stimulus négatif, par anticipation. Dans la seconde condition, un rat est placé dans une cage avec les mêmes caractéristiques précédemment évoquées, à ceci près qu’il ne peut pas fuir dans un autre compartiment. Enfin, dans la dernière configuration, deux rats sont placés dans une cage, comme dans la seconde condition. Ils ne peuvent donc pas fuirent.

  • Après divers essais, dix minutes par jour, pendant une semaine, ce que l’on constate c’est que dans la première condition, le rat est en parfaite santé. Son poil comme ses indicateurs physiologiques (rythme cardiaque, pression sanguine etc.) sont normaux.
  • Le rat dans la seconde condition au contraire est dans un état lamentable. Ses poils, ses indicateurs physiologiques, tout fou le camp. Ce rat a subi les chocs jusqu’au point ou il n’a même plus cherché à fuir.
  • Les rats placés dans la dernière condition se sont battu après chaque choc électrique et il s’avère que leur condition physique est comme celle du rat qui pouvait fuir.

Un écho dans notre propre société.

Laborit fait, à mon avis très pertinemment, un parallèle entre ces situations et les nôtres, dans la vie courante. Fuir ou se battre permet aux hommes d’affronter les moments douloureux sans détruire notre corps et in fine notre esprit. Au contraire, inhiber produit divers altérations physiologiques, comme celle de l’hippocampe impliqué dans la mémoire et avec elle un mal-être menant à la dépression voire pire. Dans notre société la violence, sous toutes ses formes, est souvent condamnée et la fuite considérée comme le propre des lâches. Nous ne pouvons frapper, détruire, les agents ou institutions responsables de notre souffrance. Et la fuite nous est interdite. Nous sommes cantonnés à l’inhibition et tout ce qu’elle entraîne…

En ce qui me concerne, je n’ai qu’un conseil… Cessez d’inhiber !

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