L’influence de l’idéologie productiviste
En ces temps de productivité forcenés, nombreux sont ceux qui cherchent à « booster » leurs capacités cognitives. Même si l’envie est louable, quel mal il y aurait il a vouloir « optimiser » son cerveau ? Perdre moins de temps sur un problème, retenir plus d’informations plus rapidement, bref être plus efficace semble être un désir légitime. L’ennui c’est que ce désir c’est transformer en besoin. Les machines et la rationalisation de la production étaient censées libérer l’humanité des travaux ennuyeux et répétitifs, augmenter la productivité, permettant aux êtres humains de travailler moins tout en gagnant autant voir plus, mais l’optimisation de la production n’a en fait servi qu’à produire plus avec moins, laissant beaucoup de gens hors des fruits du gain productif et forçant les autres à être toujours plus pressé comme des citrons…
Des conséquences sanitaires et comportementales néfastes
Dans ce contexte, on observe un boom de la consommation de psychostimulants, une expertise de l’inserm de 2012, indique que les médicaments comme le méthylphénidate, prescrit à l’origine pour soigner les problèmes attentionnels, a vu sa dose définie journalière passer de 0,3 en 2002 à 3 en 2012. On assiste également à une multiplication des jeux et autres « programmes d’entraînements cérébraux » du docteur Fukushima et parentés, qui pullulent tant sur internet, que sur les applications de portables.
Il s’avère que tous ces artifices ne font pas naître en nous l’étincelle du génie. D’abord, pour ce qui est des psychostimulants, on constate généralement très peu d’effet réel, comprendre non due à un placebo. Les stimulants autorisés, vont toujours améliorer une fonction spécifique, souvent la mémoire à court terme, ce qui veut dire que vous retiendrez mieux quelques éléments de plus lorsque vous travailler sur quelques choses sur le moment, mais cela ne signifie pas que vous aurez une information gravée à jamais dans votre crâne, ni que vous établirez des liens profonds entre les concepts.
Les entraînements cérébrales à l’emporte pièce
Pour ce qui est de l’entraînement mental, une expérience mise au point par Randall Engle et ses collègues du Georgia Institute of Technology, apporte peut-être un début de réponse.
Méthode
Pour leur expérience 55 étudiants en premier cycle, bénéficièrent d’un entraînement cognitif pendant une vingtaine de jours. Ceux-ci étaient rémunérés avec une prime lorsqu’on constatait une amélioration de leurs performances. Les participants furent divisés en deux groupes, l’un consistant à un entraînement simple, rappeler un ensemble d’items à mémoriser dans l’ordre où ils furent présentés, l’autre groupe bénéficiait d’un entraînement complexe, avec des tâches à accomplir entre les présentations d’items à retenir. Enfin, un troisième groupe servant de contrôle se voyait attribuer une tache d’exploration visuelle. Avant et après l’expérimentation, l’ensemble de participants fut testés sur leurs aptitudes mentales.
Résultats
Il s’avère qu’on a effectivement constaté des améliorations liées à la mémoire à court terme, mais seulement dans le groupe effectuant un entraînement complexe et sans que cette amélioration des capacités de mémoire est améliorée leur « intelligence ».
Le mythe du QI
Il faut comprendre que la notion d’intelligence est devenu une notion fourre tout, Alfred Binet avait conçu les tests d’aptitude mentales, l’ancêtre du QI, au début du 20e siècle dans un contexte particulier. L’éducation obligatoire amena tout une génération d’enfants à l’école. Lorsque certains étaient en difficulté d’apprentissage il apparaissait intéressant de savoir si leurs difficultés étaient dues à eux-même et qu’ils étaient « objectivement idiots » ou s’ils n’étaient pas adaptés au système scolaire imposé. Mais à présent la notion de QI, tout comme les notes et ce genre de procédé normalisé, mettent en tête que l’intelligence est parfaitement mesurable.
Or si effectivement, certaines fonctions cognitives sont identifiables et mesurables, comme le nombre d’items qu’on peut retenir en x secondes. L’intelligence fluide, la capacité à établir des liens complexes, à résoudre des problèmes efficacement, à créer des solutions originales etc. tous ces éléments qui définissent l’intelligence, s’avèrent encore hors de portée de procédures normalisées d’entraînement ou de substances chimiques miracles.