D’abord je remercie Malo photographies, pour cette excellente série photo qui illustre parfaitement l’article d’aujourd’hui.
Même Freud ne dit pas que des conn…
Bien que je ne sois pas particulièrement ami avec Freud, souvent chez lui tout se résume à papa/maman/pénis, j’essaye d’avoir une démarche critique ouverte et donc je ne nie pas la pertinence, même quand elle émane d’une personne plus que douteuse. Une des idées populaires répandues notamment par Freud est que dans la tête de certains parents, les enfants doivent accomplir les rêves qu’ils n’ont pas pu accomplir eux-même.
La frustration est un sentiment désagréable et comme tous ces sentiments de ce type nous cherchons à l’éviter, une des solutions les plus communément adoptée étant de revoir à la baisse ses aspirations. Cette théorie à d’ailleurs été formulée par Zeelenberg et Pieters en 2007 et on retrouve dans les travaux de Wicklund et Gollwitzer sur la théorie de l’auto-accomplissement symbolique, l’idée selon laquelle lorsque nous n’obtenons pas ce que nous désirons, nous cherchons des symboles pour ressentir un sentiment d’accomplissement.
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Bien que cela m’attriste le monde consumériste moderne s’efforce au contraire d’entretenir ce sentiment délétère (publicités,mise en avant de canon de la beauté et de la réussite sociale etc.).
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La preuve scientifique que les parents fusionnelles sont chi…
En science, on ne doit pas se contenter d’une intuition, quelque soit son apparente réalité et nos constatations personnelles , il faut éprouver les théories par une série d’expériences contrôlé et rigoureuse, qui sans pointer une vérité absolue, donne une idée plus correcte de la réalité objective.
C’est ce que se sont efforcés de faire Brummelman et ses collègues, qui publièrent en juin 2013 une étude statistique sur cette croyance si facilement admise, selon laquelle les parents chercheraient à faire accomplir à leurs enfants, leurs ambitions inachevées. Leur étude incluait un concept lui aussi largement partagé, les parents projetant leurs rêves sur leurs enfants sont souvent ceux qui se dissocient le moins de leurs enfants. En clair, parents fusionnelles = parents emmer… euh exigeant. Là encore, les chercheurs ne partaient pas de nulle part, cette idée étant présente dans la littérature scientifique, tant au niveau théorique, qu’empirique.
73 parents néerlandais participèrent à cette expérience, 89 % de mère. L’âge de leurs enfants était compris entre 8 et 15 ans, dans une période de leur vie où ces derniers commencent à se détacher de leurs procréateurs. Les participants devaient dans un premier temps, effectuer un test d’échelle d’inclusion de l’autre, consistant à juger des images en les considérant comme faisant partie de soi ou non (pour chaque image 1= pas du tout et 7= complètement).
A la suite de ce test, deux groupes étaient formés, l’un le groupe expérimental composé de 32 parents, devaient énoncer deux ambitions importantes à leurs yeux, qu’ils n’avaient jamais été à même d’accomplir. Ils devaient également expliquer en quoi ces ambitions étaient importantes et pourquoi ils n’avaient pas pu les atteindre, cette production écrite servait à s’assurer que les sujets parlaient d’une aspiration propre leur tenant personnellement à cœur et pas d’une aspiration générique sociétale.
L’autre groupe, composé de 41 personnes servit de« contrôle », méthode utiliser régulièrement pour vérifier si c’est la condition expérimentale qui crée des variations dans les résultats ou le simple hasard.
En guise de dernière étape, les participants devaient remplir un questionnaire dit « de transférabilité d’ambition », visant comme son nom l’indique à voir à quel point ils projetaient leurs rêves sur leurs enfants.

Résultats de l’expérience, avec en ligne continue le groupe de parents aux ambitions inachevées, en ligne pointillé le groupe « contrôle ». En abscisse, le sentiment « fusionnel » avec ses enfants, en ordonnée le taux de transférabilité des ambitions.
Les résultats s’avéraient en accord avec l’hypothèse initiale, les parents tourmenté par des rêves inachevés et se différenciant peu de leurs enfants avaient une nette tendance à projeter leurs rêves inaccomplis sur leur progéniture. Ses résultats sont d’autant plus intéressants, car il n’y avait pas de différence statistique entre les deux groupes expérimentaux sur la question de la « différenciation entre soi et ses enfants », les groupes étant donc répartis de manière homogène, indiquant que c’était spécifiquement le désir de voir ses enfants accomplir ses ambitions inachevées qui causaient les différences de résultats entre les deux groupes.
Les humains pensent aux autres et à l’avenir? Non sans déconner?!
Si ces résultats étaient assez répétés et que cette propriété de projection des aspirations brisées ne dépendait pas de donne purement culturelle, nous aurions affaire à un mécanisme « naturelle ». Peut-être avons-nous là un « programme » visant à améliorer la condition de l’espèce génération après génération, en réduisant l’écart et donc la frustration entre nos buts et notre réalité. Si dans l’avenir, cette dernière spéculation s’avérait juste, alors nous aurions un autre élément montrant à quel point notre espèce n’est pas QUE pur individualisme et matérialisme. Nous rêvons, pour nous-même et pour/via les autres et nos désirs égoïstes ont tout de même une portée plus large, car ses parents savent qu’ils ne vivront pas toutes les belles choses qu’ils désiraient, mais un jour peut-être leurs descendants y parviendront.
Cela nous montre également à quel point nous ne sommes pas forcément condamnés à une pensée à court terme, si délétère, notamment pour notre économie, notre tissu social et notre milieu naturel.