Petite réflexion sur les rythmes scolaires.

L’école française

L’actuel conflit de bac à sable, entre les maires et le ministère de l’éducation sur les rythmes scolaires nous éloigne des véritables enjeux du système éducatifs, on va finir par croire que le système politico-médiatique ne sert qu’à distraire des questions importantes, mais ça serait faire preuve de mauvais esprit.

D’après les classements PISA et de Shanghai, notre système éducatif ne serait pas ce modèle fantasmé de « réussite républicaine » et nos facultés seraient loin derrière les Stanfords, Harvard, et autres universités anglo-saxonnes. Bien qu’il faille prendre toutes les précautions critique quant à ces listes internationales distribuant les « bons points » selon des critères arbitraires (le classement de Shanghai par exemple fait du nombre de publications un critère objectif de qualité et non de quantité), il faut tout de même reconnaitre la fragilité de notre système éducatif. Celui-ci s’appuie plus sur des présupposés idéologiques, du bricolage et des réformettes à répétions, que sur une véritable stratégie élaborée à l’issue d’une profonde réflexion.

Sans rentré dans un long historique de l’éducation en France, je me contenterais ici de fournir quelques pistes, comme toujours appuyé sur des recherches scientifiques, pour faire du système éducatif un système efficace, à savoir un système qui produit ce qu’il prétend produire.

L’éducation répond à une demande spécifique de l’Histoire

Avant d’exposer des mesures quel qu’elle soit, il faut déterminer l’armature d’un projet. L’éducation a toujours plus ou moins servi à former des personnes à être quelque chose servant les nécessités d’un groupe et tout cela en fonction d’un contexte. Par exemple, on trouve dans « La République » de Platon la volonté de former des citoyens au service de la cité, dans un monde hellénistique de cités-États en guerre permanente. Au Moyen-Age, l’Europe chrétienne, cherche dans ses universités à élever l’âme en même temps que les connaissances avec la théologie. A la renaissance, moment où le commerce et la technique assurent la victoire contre ses voisins, les Universités se transforment en fabrique à conseillers qualifiés. Enfin, dans la IIIe république l’école exalte le nationalisme et le travail pour former des ouvriers qualifiés et de la chair à canon docile, pour affronter les autres puissances industrielles.

Au XXIe siècle, l’un des termes qui semble le plus approprié pour résumer notre contexte est : la crise (écologique, sociologique, économique). Le rôle de l’éducation aujourd’hui est donc de former la population à gérer les situations de crise et d’instabilités. Il n’y a pas UNE seule manière d’aborder le problème. On peut décider de former les gens à évoluer avec facilité dans une situation de crise tout en acceptant cette situation ou à l’inverse formé des individus à la résolution de problèmes afin qu’ils dénouent les crises plutôt que de les considérer comme une toile de fond absolu.

Le problème spécifique des rythmes scolaires en lien avec les mécanismes de l’apprentissage et du sommeil

D’après les connaissances actuelles, les mécanismes de mémorisation fonctionnent mieux, lorsqu’il y a répétition espacée de l’information dans un temps long, par rapport à une exposition massé dans un temps court. En clair, si vous étudiez 7h par semaine un sujet, il sera plus facilement mémorisé à l’issue d’une session d’1h de travail par jour dans la semaine, qu’en travaillant 7h d’affilée un même jour. Ce phénomène appelé en psychologie, « effet d’espacement » a été mentionné la 1er fois dans la littérature scientifique par Hermann Ebbinghaus à la fin du XIXe siècle. Fort de cette information, tout système scolaire se voulant efficace, doit espacer au maximum la masse de travail, des rythmes scolaires s’étendant sur une longue semaine mais avec peu d’heures de cours ou avec une grande diversité des sujets abordés apparaissent plus pertinents que 4 ou 5 interminables journées de travail.

L’apprentissage, d’informations brutes, comme de procédures, se fait toujours plus efficacement lorsqu’il est suivi d’une bonne nuit de sommeil. Durant la nuit, notre cerveau ne se repose pas, au contraire, l’hippocampe, une petite structure au sein du système limbique, va « communiquer » avec les parties du cerveau activées durant la journée, une forme de « replay » s’opère, renforçant ce qui a été vu. Un déficit de sommeil paradoxal, cette phase de sommeil durant laquelle notre corps est comme paralysé et que nous rêvons, entraine des perturbations de l’humeur (lien anglophone). Un manque de sommeil a également des effets néfastes sur l’attention (lien anglophone). Dans ces conditions, pourquoi donner des cours tôt le matin et tard le soir. Des rythmes scolaires adaptés aux réalités physiologiques des êtres humains impliquent des journées courtes.

Une simple prise en compte de « l’effet d’espacement » et des nécessités du sommeil amène à la conclusion que des rythmes scolaires facilitant l’apprentissage doivent suivre ces recommandations :

  • Des journées courtes ne commençant pas trop tôt et ne finissant pas trop tard
  • Des semaines étendues pour facilités les répétions de matériel informatif sur une longue période
  • Peu de vacances, pour ne pas stopper les répétions, ne pas altérer les rythmes de sommeils et aider à répartir des petites sessions de travail, plutôt que les masser sur une courte période.

Des connaissances élémentaires sur la mémoire et le sommeil, amènent à voir les rythmes scolaires sous un angle différent. Il ne s’agit pas ici d’adapter les horaires au travail des parents, mais plutôt d’adapter les rythmes scolaires et par extension les horaires de travail des parents aux réalités physiologiques humaines. Car si ici le sujet était l’éducation, il faut garder à l’esprit que nos fonctions physiologiques : l’apprentissage, l’attention, le sommeil, l’humeur, reste à peu près les mêmes toute notre vie, les recommandations pré-exposées devraient aussi servir de base à la manière dont s’organise le temps de travail. On peut débattre du contenu de l’éducation, de ses missions, mais on doit toujours tenir compte des réalités observées pour forger un système. On n’améliorera pas les performances d’apprentissage ni la productivité des individus en multipliant les charges de travail, tout ce qu’on obtiendra c’est des personnes souffrant de déficits cognitifs diverses s’auto-sabordant de manière non intentionnelle.

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