L’art de vivre.

Une activité à l’origine de la civilisation

Hormis les fossiles, les plus anciennes preuves de l’existence humaine sont l’art et la technique. Lorsqu’on est face à des silex taillés ou à des peintures rupestres datant de milliers d’années et que l’on prend réellement conscience de ce que l’on voit, on comprend l’humanité, cette affirmation n’est peut-être pas bien scientifique, mais j’assume. Les concepts d’art et de technique se fondent littéralement avec l’existence humaine, universelle mais diverses, nécessaire mais vain, intemporelle et pourtant produit d’une époque…Plutôt que de partir dans de mauvaise envolé lyrique, technique que je ne maitrise absolument pas, je vais évoquer une étude récente exposant les bienfaits de la production artistique.

Les effets de la production picturale

En juillet 2014, Anne Bolwerk et collaborateurs ont publié une étude montrant les différences entre la pratique et l’évaluation de l’art chez des séniors à la retraite. 28 personnes dont l’âge moyen étaient de 63,71 ans ont participé à l’expérience se décomposant en trois étapes :

  • un test psychologique visant à évaluer leur niveau de résistance au stress et un scanner IRMf du RMD. Le réseau du mode par défaut, désignant l’activité des régions cérébrales d’un individu lorsqu’il est au repos, non focalisé sur une tâche spécifique, mais sans être dans une phase de sommeil (T0)
  • la participation à un stage s’étalant sur 10 semaines de production ou d’évaluation artistique
  • la reconduite du test psychologique et du scanner IRMf de la 1er étape(T1)

14 participèrent à un stage d’art pictural, lors de ces stages, ils étaient encouragés à l’expression artistique, via la production de dessins, dans différents contextes et modalités (dessiner en musique, utiliser les couleurs, dessiner à l’aveugle…). Les 14 autres participaient à un stage d’évaluation de l’art, au cour duquel des historiens de l’art les formaient à l’analyse des œuvres, sculpturales et picturales.

Lors du second passage du test psychologique, il s’avéra que la production d’art améliora de manière significative les scores de résistance au stress alors que l’évaluation artistique n’a pas eu d’incidence significative mesurable sur ce même score.

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Scores du groupe de production picturale et d’évaluation artistique, avant le stage et après le stage. La valeur P décrit la significativité statistique de la différence (effective pour le groupe de production picturale).

 

La seconde séance d’IMRf montra une amélioration de la connectivité de certaines régions cérébrales en RMD, notamment dans la région du cortex cingulaire postérieure droite, région impliqué ,entre autres, dans la mémoire autobiographique (la mémoire multimodale des évènements de sa propre vie) et le cortex préfrontal, impliqué dans la conscience de soi.

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IRMf du groupe A, de production picturale et B d’analyse artistique. Avec T0 avant le stage, T1 après le stage et T1>T0 différence d’activité entre les deux mesures.

Se dessiner un vieillissement harmonieux.

Des recherches antérieures, de Damoiseaux et collaborateurs (2008) ont montré une connectivité moindre du cortex cingulaire chez des personnes âgées par rapport à des participants plus jeunes. Une autre étude de Sambataro et ses collègues (2010) ont montré une corrélation entre une plus pauvre connectivité de ses régions et de pauvres performances en mémoire de travail. L’activité de production artistique offre peut-être une solution pour contrer la dégénérescence de cette fonction, en restaurant la connectivité.

La stimulation de l’expression personnelle peut également avoir un effet sur la conscience de soi et recréer des connexions dans les régions du cortex préfrontal.

Il serait intéressant de reproduire ce type d’expériences en testant d’autres pan de la production artistique, comme la production littéraire, musicale, etc. bien sûr d’autres régions seraient mise à contribution, mais il y aurait-il toujours une amélioration des régions cérébrales impliquées dans la conscience de soi? Et est-ce que l’effet positif à la résistance au stress serait toujours présent ? Dans tous les cas, s’exprimer, produire et créer semblent être plus salutaire pour la richesse de notre activité cérébrale que la simple analyse désincarnée… Et comme je l’avais mentionné dans d’autres articles(1et2), vieillir se fait toujours mieux lorsque l’on apprend sans cesse de nouvelles choses complexes. Aussi, plus que jamais, se renseigner, apprendre, s’impliquer et produire devraient figurer parmi les priorités d’une société saine.

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