Vestige d’un temps, où culture populaire ne voulait pas nécessairement dire sous culture, le film d’action de John Carpenter, « Los Angeles 2013 » mettait en scène une ville prison, Cour des miracles du 21e siècle, contrôler par tous les parias du continent nord-américain.
Bien sûr, le film avait été réalisé en 1996 et sa « prévision » ne s’est pas avérée exacte, puisqu’il avait 12 ans de retard et que c’est tout le continent américain qui est à présent une prison à ciel ouvert contrôlée par des criminels…
Ce petit aparté étant fait, si je fais référence à ce film, c’est parce qu’il contient une scène, assez perturbante, où l’on voit que le quartier de Beverly Hills, est sous le contrôle de « ratés de la chirurgie », comme certains acteurs qui jouaient dans des films misérables, « Quand Harry rencontre Robert » ou un truc dans le genre. Ces freaks de l’ingénierie humaine, sont devenu des psychopathes en parfaite adéquation avec leur apparence. Ils kidnappent des personnes saines, pour en extraire des « pièces de rechange » afin de régénérer leur ersatz de corps humain.
Eh bien, figurez-vous, que comme souvent, la création artistique à taper dans le mille, par intuition et sans doute bien au-delà de ce à quoi songeaient les scénaristes à l’origine.
De récents travaux, d’Adrienne Wood et ses collègues de l’Université du Wisconsin, parurent dans « Trends in Cognitives Sciences » cherchant à décrire les mécanismes de contagion des mimiques émotionnelles, comme les sourires ou les froncements de sourcils. Ces études montrent que, nous imitons les expressions faciales de nos interlocuteurs, pour faire naître en nous un sentiment similaire.

Schéma décrivant les résultats de recherche d’Adrienne Wood. On y voit la chaine de processus activée lorsqu’on regarde des visages
Pour que cette boucle opère « normalement » cela implique que toutes les parties du processus soient possibles. Ainsi, par exemple, une personne qui souffre de lésions des zones cérébrales impliquées dans les expressions du visage ou quelqu’un qui ne peut plus, pour x raisons, adopter l’expression faciale de son interlocuteur, va nécessairement voir ce processus être perturbé.
Ce qui nous ramène à nos psychopathes de Beverly Hills, un visage figé par une opération esthétique qui endommage les muscles du visage, va casser le mécanisme de connexion empathique. Et l’absence d’empathie, c’est justement un des traits qui définit le comportement psychopathique.
Bien entendu, on peut imaginer que ces problèmes sont d’autant plus importants s’ils sont de naissance, car dans ce cas, la personne ne peut jamais développer, muscler en somme, les réseaux neuronaux qui feront comprendre les sentiments de l’autre. Alors que si cela arrive, plus tard au cours de la vie, via un accident, une paralysie faciale, une opération esthétique mal menée, cela perturbera la boucle sans pour autant exclure la mise en place de stratégie périphérique.
Article de référence : « Fashioning the Face: Sensorimotor Simulation Contributes to Facial Expression Recognition »