L’intuition le spider sens du pauvre
« Je le sens pas », « j ‘ai un mauvais pré-sentiment », sous ses expressions usuelles se cache probablement un réel mécanisme cérébral. En 2012 les psychologues G.E. Wimmer et D. Shohamy de l’Université de Colombia développèrent une expérience qui démasque les propriétés de l’intuition.
Méthode
28 participants placés dans un IRM, devaient effectuer trois tâches.
Phase A : Des pairs d’images étaient diffusés rapidement via un écran dans l’IRM.
Les pairs se divisaient en deux groupes :
- Groupe 1 : composé d’une image de visage, paysage ou partie du corps.
- Groupe 2 : contenant des images présentant un motif circulaire « psychédélique ».
Les cercles étaient toujours associés aux mêmes images.
Phase B : La moitié des cercles étaient associés à un gain monétaire, les chercheurs expliquant aux participants qu’à chaque fois qu’ils percevraient un de ceux-ci, on les gratifieraient d’un dollar.
Phase C : on projeta aux participants des paires contenant deux images du groupe 1 ( visage, paysage, partie du corps) ou deux images du groupe 2 (cercles psychédéliques)
Résultats
Une IRMf (Imagerie par Résonance Magnétique Fonctionnelle), fut effectuée sur tous les patients durant l’expérience, afin de mesurer l’afflux sanguin dans les différentes parties du cerveau. En effet, en science cognitive, on postule qu’un afflux sanguin plus important signifie une « demande » énergétique plus importante et donc une activité accrue. Une des hypothèses originelles de l’expérience était que les participants allaient sélectionner préférentiellement les images associées à un profit… ce qui fut le cas, mais les différences entre individus étaient élevées. D’autres informations intéressantes émergent de l’observation dans le détail des données recueillis en IRMf. L’effet de biais sélectif était particulièrement puissant chez ceux qui avaient eu une plus grande activation de l‘hippocampe (zone du cerveau impliqué dans la mémoire).
L’effet était également amplifié par l’activation conjointe de l’hippocampe et du striatum (zone impliqué dans les mécanismes de récompenses).
Enfin, le biais était plus présent chez les participants dont les régions cérébrales traitant les informations visuelles en lien avec les images étaient plus activées. Ce qui nous ramène à la notion d’intuition, c’est que les participants ne se souvenaient pas consciemment des pairs cercles/images. Notre cerveau enregistre d’innombrables informations, les associe, notamment à des états émotionnels à notre insu, pour finalement conditionner des impressions et plus encore des décisions. Face à une situation nouvelle ou complexe, notre « intuition » fait le travail à notre place, en « suggérant » un mode d’action qui prend souvent sa source dans notre passé ou dans des constructions et associations antérieures.
Ah ! Quel mal Augustin a fait à l’humanité avec sa fantasmagorique notion de « libre arbitre » !
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